Quels sont les frais réels de la vie étudiante à anticiper ?
Profil type de l’étudiant
L’étudiant type visé est en général un jeune adulte de 18-25 ans poursuivant des études supérieures (licence, master, grandes écoles) hors du domicile parental. Par exemple, la FAGE définit souvent l’étudiant “type” comme un 20 ans en 1ère année de licence, non-boursier et logé en dehors de chez ses parents. En pratique, la population étudiante est hétérogène – certains vivent chez leurs parents (frais réduits), d’autres en colocation ou en studio (budget plus élevé) – mais pour évaluer les frais réels, on retient généralement le cas d’un étudiant autonome financièrement. Beaucoup d’étudiants dépendent du soutien familial, de bourses ou d’un petit travail étudiant pour couvrir ces frais
Principaux postes de dépenses
Les dépenses courantes d’un étudiant comprennent plusieurs catégories majeures, qui pèsent différemment selon la situation et la région :
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Logement : c’est souvent le poste le plus lourd du budget. En moyenne nationale, le loyer mensuel d’un studio étudiant est autour de 550 € toutes charges comprises. Selon une étude UNEF 2024, le budget logement moyen en parc privé s’élève à 560,31 € par mois, en hausse de +1,1 % par rapport à 2023. Toutefois, ce coût varie fortement : en Île-de-France, le loyer moyen atteint 804 € (parc privé), alors qu’en régions il est plus près de 483 €. Un autre bilan donne un budget logement moyen de 865 € en région parisienne (940 € pour Paris intra-muros) contre 615 € en province. Il faut prévoir aussi les charges (eau, électricité, internet) et la caution (1 à 2 mois de loyer). Notons que seulement 6 % des étudiants obtiennent un logement CROUS subventionné; le reste se loge dans le privé (studios, résidences privées, colocations).
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Alimentation : les dépenses alimentaires représentent un budget conséquent. Les étudiants français dépensent en moyenne près de 300 € par mois en nourriture. Pour réduire ce poste, les restaurants universitaires (RU) proposent des repas à bas coût : environ 3,30 € par repas (voire 1 € pour les boursiers). Toutefois, face à la cherté, presque un étudiant sur deux déclare sauter des repas pour raisons financières. Les prix des produits de base (pain, pâtes, lait, etc.) varient peu selon la ville, mais globalement le coût de la vie est plus élevé à Paris et dans les grandes métropoles.
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Transports : pour un étudiant non domicilié sur place, l’abonnement transport est un frais fixe important. À Paris, un abonnement annuel (Tarif Imagine R) coûte environ 374,40 €, tandis qu’en province un abonnement annuel étudiant est de l’ordre de 250–300 €. En terme de dépenses courantes, les étudiants dépensent en moyenne 244–268 € par an pour se déplacer (en comptant abonnements locaux et déplacements occasionnels) : les non-boursiers dépensent en moyenne 267,99 € par an contre 244,48 € pour les boursiers (tarifs réduits). Les transports en zone urbaine (bus/métro) sont plus chers à Paris qu’ailleurs, mais la densité de l’offre reste avantageuse. L’essence (1,80 €/L) et les trains (carte Avantage Jeune 49 €/an) constituent des postes à anticiper pour ceux qui doivent voyager régulièrement.
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Frais de scolarité et administratifs : depuis la rentrée 2024, les frais d’inscription universitaire ont recommencé à augmenter (fin du gel de 2019). On compte désormais 175 € pour une licence, 250 € pour un master, 391 € pour un doctorat par an. À cela s’ajoute la Contribution Vie Étudiante et de Campus (CVEC) de 103 € par an (contre 100 € auparavant), obligatoire pour tous. Dans les cursus comme les écoles d’ingénieurs, ou en filière santé, les frais sont plus élevés (jusqu’à 618 € par an pour les écoles d’ingénieurs publiques, et plusieurs centaines d’euros de matériel en santé). Tous ces frais de rentrée (inscription, matériel pédagogique, déménagement) font qu’un étudiant type peut avoir près de 3157 € à mobiliser au début de l’année 2024. Ce coût comprend l’ensemble des frais fixes (inscription, logement initial, déménagement) plus un mois de dépenses courantes.
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Autres dépenses courantes : comptez environ 20–50 € par mois pour un abonnement internet, à partir de 2 € par mois pour un forfait mobile très basique. La mutuelle étudiante (complémentaire santé) coûte environ 20 € par mois pour la part minimale obligatoire. Les dépenses d’hygiène et divers (produits ménagers, habits, loisirs culturels) peuvent atteindre 100 € ou plus par mois selon le style de vie. Heureusement, la carte étudiante donne accès à de nombreuses réductions (cinéma, musées gratuits pour les –26 ans, transports à tarif réduit, etc.), ce qui aide à alléger le budget loisir.
Dans l’ensemble, l’UNEF observe une légère hausse du coût de la vie étudiante (+2,25 % en 2024), soit environ +40 € par mois ou +482 € par an, liée notamment à l’inflation (énergie +4,8 %/an, alimentaire +0,8 %). Cependant, cette augmentation reste moindre qu’en 2023 (+6,5 %), notamment grâce à l’inflation globale en repli.

Différences selon le type de ville
Le coût de la vie étudiante varie fortement entre Paris (ou grandes métropoles) et les villes moyennes :
Logement : en région parisienne, les loyers sont nettement plus élevés. Par exemple, un studio à Paris se loue en moyenne autour de 940 € charges comprises par mois, tandis que la moyenne nationale pour un studio est plutôt de 550–570 €. Hors Île-de-France, il faut compter environ 615 € en moyenne pour un logement étudiant, contre 865 € en IDF. En province moyenne, beaucoup d’étudiants optent pour la colocation pour diviser les coûts. La disponibilité des logements (CROUS, résidences étudiantes, colocations) peut être meilleure en province, bien que certaines métropoles (Lyon, Toulouse, Bordeaux) soient aujourd’hui très tendues.
Transports : le pass mensuel ou annuel vaut beaucoup plus à Paris qu’en province (374 €/an contre ~250–300 €/an ailleurs). En revanche, les métros/trams parisiens offrent une grande couverture. Dans une ville moyenne, on dépend souvent du bus local ou de la voiture (essence, assurance). Les étudiants hors Paris peuvent donc avoir un budget essence ou autorail plus élevé s’ils voyagent fréquemment.
Autres coûts : le pouvoir d’achat diffère : les produits alimentaires et services sont en moyenne ~19 % plus chers à Paris qu’en province. Les loisirs (ciné, restaurants) sont plus chers en zone urbaine dense. À l’inverse, la vie en province peut offrir des dépenses moindres mais parfois de moins d’aides (ex. moins de CROUS, moins d’offres d’emploi étudiant).
En résumé, un étudiant à Paris ou Lyon devra anticiper un budget logement et transport sensiblement plus élevé qu’un étudiant dans une ville moyenne (ex. Lille, Nantes, Grenoble). Néanmoins, les grandes villes proposent plus de services (RER, RU, bourses locales) qui peuvent compenser certains coûts.

Conseils pour réduire ou gérer ces frais
Pour limiter l’impact de ces dépenses, plusieurs stratégies peuvent être adoptées :
Chercher des aides et financements : Postuler à toutes les bourses (CROUS, aide au mérite) et aides au logement (APL) disponibles. En 2024, l’UNEF rappelle que beaucoup d’étudiants ont dû trouver un job étudiant, contracter un petit prêt ou solliciter leur famille pour équilibrer le budget. Il est aussi possible de bénéficier d’aides sociales ou de prêts étudiants à taux avantageux.
Optimiser le logement : loger en CROUS (si admissible) pour bénéficier d’un loyer très bas, ou en colocation pour diviser les charges. Comparer les résidences privées (souvent moins chères en province) et ne pas payer de caution trop élevée (la garantie Visale peut parfois remplacer la caution bancaire).
Cuisiner et profiter des RU : préparer ses repas à la maison plutôt qu’au restaurant permet de faire d’importantes économies. Utiliser les restaurants universitaires (RU) à 3,30 € le repas (1 € pour les boursiers). Acheter en grandes surfaces ou magasins discount les produits de base et profiter des promotions ou applications de cashback.
Utiliser toutes les réductions étudiantes : s’équiper d’une carte étudiante (pour -25 ans), d’une Carte Avantage Jeune SNCF (49 €/an pour voyager en train), d’un forfait transport à tarif réduit. Profiter des musées gratuits, cinémas ou théâtres tarif jeune. Prendre un abonnement internet/portable adapté aux petits budgets (certains abonnements téléphonie reviennent à quelques euros par mois pour les forfaits de base).
Gérer un budget serré : établir un tableau de budget mensuel pour suivre les dépenses fixes (loyer, assurance, mutuelle) et variables (alimentation, loisirs). Réduire les achats impulsifs (vêtements, sorties) en fixant un montant hebdomadaire. Partager certains abonnements (streaming, logiciels, achats groupés) pour en réduire le coût par personne.

En appliquant ces astuces (trouver un logement abordable, demander les aides, limiter le gaspillage) et en restant vigilant sur son budget, l’étudiant peut mieux faire face aux frais de la vie étudiante. L’important est de planifier au mieux ses dépenses fixes (logement, transports) et d’anticiper les coûts de la rentrée (frais d’inscription, fournitures) pour éviter les mauvaises surprises financières.
Témoignages d’étudiants
- Clara, 20 ans, Lille, Licence de biologie : « Je vis en colocation dans une ville moyenne. Le loyer est raisonnable, mais j’ai dû apprendre à tout budgétiser dès le début : les courses, les transports, la mutuelle. Les RU m’aident à tenir le mois, et ma bourse me permet d’éviter un job étudiant. »
- Yanis, 22 ans, Paris, école d’ingénieurs : « À Paris, c’est une autre planète… Mon loyer me prend plus de la moitié de mon budget. Heureusement, j’ai une bourse et je fais du tutorat pour gagner un peu. Je prends toujours les transports en commun et je profite à fond des réductions étudiantes. »
- Fatou, 19 ans, Nantes, BTS Communication : « J’ai choisi une ville moins chère que Paris, et je vis en résidence étudiante privée. C’est plus pratique, mais le budget reste serré. Mes parents m’aident un peu, je cuisine beaucoup et j’ai téléchargé toutes les applis de promos. »